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« Des écritures en Patchwork » Textes de Marcel
ALOCCO parus de 1965 à 1985 Publiés en recueil par les « Z’Editons » d’Alain Amiel, à Nice en 1987
30. Marie Claude Chamboredon : Marcel Alocco : M-C . C : L’écriture qui a toujours été une composante de ton travail, semble, actuellement, moins présente, bien que l’analyse linguistique soit toujours sous-jacente, ne serait-ce que par ta référence constante à la lisibilité. Quelle place attribuer à l’écrit dans tes dernières oeuvres ? M.A. : Je parle de lisibilité, oui ; mais, au moins sur le plan conscient, pas en référence directe à l’écriture. Ce que je souligne, c’est le fait qu’un fragment du Patchwork se voit globalement, alors que les fils que je recueille — dans l’ordre des chutes au cours du travail— en reconstituent la progression de façon... linéaire. Sur un châssis ou tricotés, les fils restituent de haut en bas et de gauche à droite l’ordre dans lequel ont été déchirés les morceaux de tissu. Dans ma démarche, les propos apparemment les plus étrangers sont en fait profondément culturels. Je peux réfléchir les ethnocentrismes parce que je constate et connais bien le mien... M-C. C. : Ton exposition à « Lieu 5 » est consacrée principalement aux déchets, c’est-à-dire à toutes les retombées de tes oeuvres et à tout ce qui rentre en rapport instrumental avec elles ; tu parais maintenant délaisser tes recherches plastiques plus traditionnelles pour te concentrer sur cet aspect. N’est-ce pas l’amorce d’une mutation dont les prémices sont les premières vitrines dans lesquelles tu entassais les fils de tes patchworks, et qui tend à faire des « déchets » l’essentiel de ton oeuvre ? M.A. : L’essentiel ? Je ne pense pas que ce soit possible. Ce traitement a pris beaucoup d’importance parce que je procède par globalisations successives et que j’aime confronter les travaux préparatoires à l’objet lui-même et à ses retombées, tenter d’en faire quelque chose... mais pour qu’il y ait déchets, il faut qu’il y ait une pratique qui en produise et donne tout son sens à leur monstration. En retour, probablement, la pratique s’en trouve changée. Il y a comme un déplacement du centre de gravité ; déplacement qui caractérise peut-être mon travail par rapport à ce qui se fait autour de moi. Mais si je pouvais répondre sur « l’essentiel »... J’anticiperais alors sur les travaux à venir ! M-C. C. : Dans tes patchworks et dans de nombreux dessins, tu as choisi délibérément de reproduire des formes et des techniques d’autres peintres, ainsi que des caractères chinois, ou occidentaux, et des sigles, tels que celui des postes... Pourquoi ? M.A : Cette thématique provient d’une réflexion globale sur la culture...L’ethnocentrisme dont je parlais il y a un instant, et donc son fonctionnement sont en relation avec un dehors ; il y a aussi la tentation de faire circuler le sens dans l’histoire, dans l’espace géographique. La peinture, pour moi, est peut-être le substitut d’une écriture perdue. En fait, je crois que le pas décisif a été franchi lorsque j’ai pensé, en faisant référence au « paysage culturel » comme modèle, échapper à l’anecdote thématique et fantasmatique... M-C. C. : Si jouer sur un code culturel de base correspond à une tentative de distanciation, celle-ci n’est-elle pas en fin de compte vouée à l’échec dans la mesure où toute forme ou technique finit par renvoyer à son auteur ? M.A. : Oui, si j’avais naïvement pensé « distancier ».
Mais mon problème, dans la recherche d’une neutralité d’abord— comme
on disait avant 1970, à la suite de Daniel Buren, le seul en France à cette époque à avoir,
me semble-t-il, placé le débat ailleurs que dans l’alternative...
disons par commodité : Matisse ou Duchamp — donc « neutralité »d’abord,
puis à l’inverse pourrait-on dire, mais à la recherche
de l’effet que ne donnait pas cette « neutralité »,
implication culturelle totale. C’était la mise en avant
du processus transformateur. Un je suis « dans le monde ». Publié dans Canal n° 40-41 Eté 1980
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