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Ecritures en patchwork
 
 

 

 

« Des écritures en Patchwork »

Textes de  Marcel ALOCCO  parus de 1965 à 1985
 en divers périodiques ou catalogues

Publiés en recueil par les « Z’Editons »  d’Alain Amiel, à Nice en 1987

 

Petit Précis Parodique et Savant sur ce qu’il
faut savoir du HAPPENING en général et
BEN VAUTIER en particulier.

(Paru dans la revue ronéotypée de Ben, TOUT n° 8, ce texte écrit pour présenter Ben à l’occasion du 2° Festival de la Libre Expression,( organisé à Paris par J.J Lebel) qui fait l’objet dans le même numéro d’un long compte rendu par Ben, n’a pas été repris dans l’édition papier de 1987)

« Ben est un farceur, et il faut en rire » : telle est l’opinion commune et sensée de ceux qui par ailleurs, à propos de quelques barbouillis manifestes, ne craignent pas d’engloutir leur dialectique dans les gouffres métaphysiques. Mais quel rire mauve, étriqué, d’autodéfense « sociale » il convient d’avoir, à quel prix il convient de l’acheter – silence, discrétion, moustaches et barbes postiches : comme n’importe quelle agence de filatures, divorces, etc.
Ben n’est pas un farceur. Ben, tout humour pourtant, n’aime pas la farce. L’attrape-nigaud ne l’intéresse pas ; il veut être ce réveille-matin que Jacques Vaché affectionnait et que tout créateur porte dans son gousset, sans chaîne d’or, bourgeois je vous parle, quitte à la perdre en de violentes circonstances.
Ben ne sa joue aucunement du public, mais au contraire tente de jouer avec, dans le sens de la participation du public au jeu du théâtre. Car l’art c’est, avant tout, établir une relation, et les conversations entre deux concierges bègues est l’art élémentaire de la parole. Il est certain que les partenaires, ou adversaires, comme il vous plaira, ne sont pas pourvus de moyens égaux : si Ben reste le meneur de jeu, c’est le privilège du créateur tacitement accepté par le public, et aussi son devoir de combler l’attente qu’il suscite par l’annonce d’une oeuvre — quelle se matérialise par l’affiche, l’invitation privée, ou simplement le titre du texte.

Marcel Alocco
(Avril 1965)

 

 

 

 

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