Alocco.com

Ecritures en patchwork
 
 

 

 

« Des écritures en Patchwork »

Textes de  Marcel ALOCCO  parus de 1965 à 1985
 en divers périodiques ou catalogues

Publiés en recueil par les « Z’Editons »  d’Alain Amiel, à Nice en 1987

 

5.
Première déclaration à propos du « Tiroir aux vieilleries »

Ben me demande une déclaration.
Je vous invite à un enterrement sans chagrin : celui des vieilleries.
Car une nouvelle vie commence. Oui. À cet instant même. À chaque instant. C’est vrai ­— ce n’est pas vrai.
C’est selon — mais selon quoi ?

Ben me demande une déclaration.
Sur quoi, sur qui ? Sur moi, sur vous, sur tout.
J’aime bien BEN. C’est à ma connaissance le seul critique. Le seul parce qu’il ne se soucie pas de cohérence. Jamais. Et la vie, à ce que je vois, ne s’en soucie guère.

L’autre jour je regardais une fille : brune, les yeux… enfin peu importe puisque durant ces secondes j’éprouvais que c’était Elle, Elle seule ?
Je la contemplais et je vis (son sourire) qu’elle avait compris. Alors il fallait… l’enlever, l’aimer, en être aimé, vivre… Breton et tous les démons qui savent ce qu’est la vie hurlaient dans mon cœur, lacéraient mes entrailles — rien.

Nous étions séparés par trois fauteuils, l’échelle sociale (sur laquelle jamais je ne sais si je monte ou si je descends) une (ou deux) langues maternelles, quelques années, nos cultures et… et… et… je me résume : tout.
Sauf ce regard — c’est Elle
Ce sourire — pas dupe.

Aujourd’hui je la revois : « Bonjour ».

Trop tard.
Le tiroir aux vieilleries. Clac.
Tout de même… si je l’aimais… ?
Vous me direz : que nous importe ? Vous me direz : Et la déclaration que Ben réclamait ? Vous me direz aussi : mais l’Art, dans cette histoire ?

A-t-il jamais ici été question d’autre chose ?
Dites ?... Croyez-vous qu’elle aurait compris ?
Nice le 17 août 1967
Galerie BDT, 32 rue T. de l’Escarène. Nice.

(Tract polycopié diffusé lors de l’exposition Tiroir aux vieilleries Galerie Ben Doute de Tout)


 

c