1980
1981 L'histoire de l'humanité et son acharnement dans les pires circonstances à laisser malgré tout traces de formes et de couleurs le dit clairement; mais chaque sujet doit le découvrir par lui-même, à son propre usage: ce jeu du pinceau sur la toile, où des vies investissent le meilleur de leur temps, de leur désir et de leur juoissance, attirance mystérieuseaux yeux du profane, n'est pas un exil en un ailleurs gratuit. S'il y a en tout art ludisme latent (ce dont joue ce texte?) c'est l'humain et sa parole qui à tous les coups finissent par en être gagnants. A la question "Pourquoi peins-tu?", il faut répondre comme les enfants, parce que la phrase est pertinente: "Pour faire parler les curieux". Marcel
Alocco 1982 A partir des travaux sur pierres, construction du "Barri" (Mur-patchwork) qui sera exposé à Diagonal, dans le cadre d'une exposition de "sculptures" dans un jardin, puis en 1984-1985 sur une terrasse de la Villa-Arson. ... en opposé à cette décomposition des assemblages du support, la recomposition des images du tableau chez Rauschenberg et le patchwork de la toile chez Alocco (...) il intervient sans doute aussi en synthèse entre Viallat et le Pop art. J'ai beaucoup aimé le titre qu'il avait donné à l'une de ses expositions voici quelques années: "La peinture déborde". Cela voulait dire tout autant qu'elle perdait son cadre et son châssis traditionnels pour déborder de la toile et tendre vers l'illimité. Cela voulait dire aussi qu'elle déborde le cadre d'une image personnelle et d'une signature, en réincorporant des signes aussi différents que la peinture de Lascaux, Matisse ou Picasso qu'on a l'habitude de lier à l'histoire de l'art, que les images du quotidien comme le sigle des PTT ou celle de Mickey Mouse et qu'enfin elle se souciait de l'assemblage trame-chaîne du support. Ses peintures actuelles en patchwork démontent la toile, la réassemblent, en détissent les fils, exposant les rebuts significatifs à côté d'elle. Démarche qui réincorpore l'histoire, l'image repère, le temps du parcours. Michel
Thomas Et ne pas oublier que ce qui s'articule, ce sont d'abord les mots. (...) La mémoire de la peinture est aussi dans ses profondeurs. Cavernes. prospecter la structure d'un tissu, c'est raconter l'histoire d'une image, quand ce qui s'est tramé dans le temps se déplace, que la composition se déchaîne. La poésie, jeu des mots, joue des mots comme les roues d'une horloge. Chacune de ses dents en passant blesse. Le Louvre est archive morte, jusqu'à l'amour, comme Blanche-Neige; car il revit à chaque instant dans l'atelier du peintre, le lieu où se remue les strates. Pas un geste qui n'ait un passé, qui ne raconte comment la matière se souvient. La toile chante le cliquetis du métier - toutes les voix qui l'ont chantée. Pourtant, c'est aujourd'hui encore, dans la tête du chercheur, que se produit l'événement dont les fibres témoignent.: nos tessons de poterie, nos pierres taillées sont de sang, et d'amour.
1983
1984
1985
Avril 1984, après le vernissage de "Les écritures dans la peinture" au CNAC Villa Arson ...Alocco joue sur le même registre d'un flot d'images et de signes. Mais il intervient aussi, par sa quête têtue du tissu, en synthèse entre Viallat et le pop art (...) Ses peintures actuelles en patchwork démontent la toile, la réassemblent, en détissent les fils, exposant les rebuts significatifs à côté d'elle, comme une sorte d'ikat à l'envers. Michel Thomas L'art textile, M.
Thomas, C. Mainguy S. Pommier, 1986
1987
J'ai travaillé, entre autres, avec Alechinsky, Dotremont, Jolly, Masurovsky, Maccheroni, Alocco… Avec Alocco, la collaboration fut encore différente. Je lui ai fait des textes, et lui ensuite a réalisé des livres. Il a mis en page, mis en scène pourrait-on dire, les textes que je lui avais confiés. Michel
Butor
Planète sud n°4, avril 1994 Ces figures, sigles, signaux, symboles sont les signes (au sens trop large) de notre culture. Ils sont mis littéralement en flottement dans les ruptures de la toile libre mais morcelée. Le "patchwork" devient dans le temps et l'espace " ce tissu d'incohérences, de contradiction, qui agit sous couleurs d'un bel emsemble..."(Alocco, entretien avec R. Monticelli, 1978). Il faut remarquer que chaque patchwork de Marcel Alocco est appelé lui-même " Fragment du Patchwork n°x", ce qui laisse apparaître que ce que l'on peut voir n'est encore que le morceau, morcelé d'une suite. Gilbert
Dupuis Il ne s'agit pas d'un travail de critique. La position d'arbitre serait contradictoire avec l'engagement du plasticien ou de l'écrivain, acteur dans le champ qu'il examine, et acteur pleinement. Articles, préfaces ou entretiens sont donc à lire comme réflexions sur l'itinéraire d'un individu amené, à l'occasion, et plus ou moins régulièrement, à faire le point. Ce qui motive mon écrit, au-delà de son objet apparent, c'est toujours, en filigrane ou directement, ma production artistique: pratique plastique et écriture accomplissant ici un même destin. Marcel
Alocco 1988
Michel Butor, Marcel Alocco et Raphaël Monticelli, ...L'Ecriture (...) a suscité tout un courant qui s'est répercuté aussi bien dans les oeuvres d'ex-membres de Support/Surface, comme Daniel Dezeuze et Christian Jaccard, que chez Alocco et Constantin Xenakis. Pictographie chez Dezeuze, sties et barres chez Jaccard, écritures déchirées par le patchwork chez Alocco... Michel
Ragon 1989
Marcel Alocco, dont l'association avec les artistes proches de l'abstraction formelle de Supports-Surfaces remonte à la première année, est particulièrement connu pour ses compositions en patchwork et "dé-tissé" comme Prière à la Lune de 1978 ou Adam et Eve de 1986. Ces deux pièces, présentées en toiles libres, montrent des liens évidents avec ses premiers "Idéogrammaires"... Sam
Hunter Patchwork
en effet: des quadrilatères de tissus cousus ensemble, les uns monochromes,
d'autres imprimés de motifs peu nombreux, Adam et Eve, un auroch de Lascaux,
des fleurs et des feuilles; des tons pastel, rose, bleu mauve tendre,
vert frais; et des formats raisonnablement grands, sans excès. Philippe
Dagen J'invente encore aujourd'hui Fluxus. Je revendiquen ce jour, l'héritage du défunt -- mort aux environs de 1968, d'un refroidissement: on l'avait découvert. Je revendique le droit de le ré-inventer encore, comme je revendique celui de chacun d'avoir pu le faire depuis vingt ans -- Beuys, Vostell, Page, etc. -- même s'ils n'avaient rien à faire avec Fluxus -- jamais. Marcel
Alocco
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